Training with the Father

J’avais eu de la chance, j’étais rentré au manoir Wayne avant l’arrivé de mon père. J’avais pris le même chemin qu’à mon départ, remontant le long du sinistre bâtiment historique de Gotham avec agilité. Dieu merci, mes entraînements avec la Ligue sont utiles dans des cas comme celui-là, J’ouvrais la lourde fenêtre d’un coup sec qui au final faisait un vacarme fou. He merde … j’espérais ne pas avoir réveillé Tim ou encore pire … le bicentenaire des lieux. Sérieux ce majordome est ultra chiant. Vous le trouvez probablement bien sympathique, mais il est toujours là à surveillez vos moindres faits et gestes. Pire qu’un employé du GCPD c’est moi qui vous le dis. Enfin bref, j’étais enfin dans ma chambre. J’enlevais mon uniforme de Robin en prenant soins de le plier et de le ranger dans le dernier tiroir de ma commode doucement en déplaçant le double fond. Une fois les preuves de ma sortie nocturne cachées, je me rendais dans la salle de bain pour prendre une bonne douche chaude. Il n’était pas loin de 5h du matin, je devais faire vite pour rejoindre ma chambre avant l’arrivé de père.

Il m’avait donné rendez-vous à 10h dans la Batcave. Nous allions nous entraîner ensemble. C’était un des rares moments que j’avais seul avec lui. Il travaillait beaucoup, sans compter son boulot nocturne de justicier et avec le Régime en place, pas besoin de spécifier qu’il n’était  pas souvent en ces lieux.  Je me glissais sous les draps de coton égyptien en regardant le plafond. J’étais incapable de dormir, l’adrénaline coulait encore dans mes veines. Je prenais la balle de baseball qui était sur mon bureau et commençait à la lancer dans les airs au dessus de ma tête en réfléchissant. Je pensais surtout à ma mère … étonnement. Elle n’était pas un modèle de maternité des plus standards je dois l’avouer. Après tout, quelle mère peut se vanter d’Avoir tuer son fils 9 fois à ses anniversaires ? Je ne pense pas que ce soit un acte commun dans la société actuelle … quoiqu’avec le Régime de Supermerde … Je me demandais où elle était et si elle allait bien. Elle restait quand même ma mère et je me faisais du souci pour elle. Certes, elle était une assassin hors pairs et sans doute une des mieux entraînés dans le monde, mais qui sait se que Ra’s Al Ghul pouvait lui dire comme venin pour l’influencer dans ses actes. Je n’avais également pas eu vent que la Ligue des Ombres avait pris un parti. Ils devaient se terrer dans Nanda Parbat et attendre la fin du conflit. Supermoule allait sans doute tenter de convaincre la Ligue de prendre son côté … ah puis merde ça me regarde pas du tout.

J’avais tellement divagué dans mes pensées que je n’avais pas vu l’heure , je m’étais peut-être assoupi un moment aussi. Il était près de 9h30 … fallait pas que je mette en retard, il m’avait déjà puni pour 2 semaines à cause d’une virée nocturne en solo un peu téméraire je l’avoue. La punition était démesurée si vous voulez mon avis. Enfin … je m’habillais avec seulement un pantalon de sport, pas de soulier et torse nu. Direction la cuisine, fallait que je mange un morceau. Je me prenais un bol de céréales … celles de Tim en fait. Il allait ragé quand il verrait la boîte vide. J’adorais l’embêter, c’était mon activité favorite en dehors de passer du temps avec mon père et ma double-vie nocturne. Une fois le bol terminé, je le laissais sur le comptoir de marbre avec la boîte de Lucky Charm vide et le lait. Je descendais dans la Batcave, il était 9h56, j’étais à l’heure.

Je me doutais qu’il était déjà là et qu’il n’avait probablement pas dormi encore. Je me demandais comment il faisait, même moi qui avait subit l’entraînement de Ra’s, je dormais plus que lui. J’allais au Batordinateur regarder les nouvelles données en étant assis en indien sur la grande chaise. J’ouvrais finalement la bouche, il était 10h01, autant en profiter pour agacer un peu le paternel.

- Bon matin père, vous avez 1 minute de retard c’est une honte

Bien sur, j’avais le sourire en disant la phrase, il me reprochait tellement mes retards que je n’allais pas vraiment me priver. Après 2 ans à vivre avec lui, il devait sans doute avoir l’habitude de mes conneries … du moins j’espérais sinon il devait trouver le temps bien long. Je regardais les programmes sur le simulateur pour l’entraînement. J’ignorais se qu’il me réservait en fait.

- Comment s’est passé la nuit ?

Autant finir sur une note sympathique … je voulais passer un bon moment avec lui.

Il me promettait un 10 minutes d’extra. Wow! J’étais bien content et le sourire sur mon visage n’était pas prêt à disparaître.  Je me tournais en faisant tourner la grande chaise sur elle-même et le regardait droit dans les yeux. Le regard presque défiant. Bah quoi ? J’aimais bien jouer à ça avec lui. Un peu comme une lutte de pouvoir. On s’amusait comme on pouvait dans cette baraque beaucoup trop sérieuse. Il me parlait de sa nuit qui avait été longue et … de la mienne. Je soutenais son regard. Eh merde grillé par le vieux fossile d’en haut. Comment ce mec faisait pour tout savoir sur nos moindres faits et gestes hein ? Même moi je n’étais pas aussi doué… il devait avoir des pouvoirs spéciaux ou des yeux comme Superman.

Je devais l’avouer… l’extra-terrestre me manquait un peu. Mon père se confiait beaucoup à lui et ils faisaient une sacrée paire. Maintenant, c’était différent, quand il avait un trop plein il se défoulait certes en entraînement, mais aussi sur nous ces enfants. Il devenait ronchon, renfermé et invivable. J’étais tombé sur une bonne journée par chance. Je plaçais mes bras derrière ma tête en le regardant avant de prendre la parole.

- La mienne ? Bah ça va puisque je suis encore ici et bien vivant

J’étais arrogant, mais je n’allais pas changer du jour au lendemain. Je me levais pour aller en face de lui. Je me plantais droit comme pas un et levais mes yeux verts comme ceux de ma tendre mère vers lui. Seigneur qu’elle me manquait … je crois que parfois mon côté enfant ressortait beaucoup dans mon sommeil. Alfred était venu quelques fois me réconforter suite à des cauchemars où je voyais ma mère morte. Une vision d’horreur, du sang partout, des sabres dans son corps … Juste le simple fait de penser à elle, je baissais les yeux au sol. Mon regard c’était assombri et ma petite joie d’être avec mon paternel c’était évanouie. La question me brûlait les lèvres et elle sortit de celle-ci spontanément.

- Vous avez eu des nouvelles de ma mère ? … Avec toute cette histoire du Régime de Superman la Ligue va devoir agir non ? …

J’avais tourné les talons en parlant et je me dirigeais pour bander mes mains avec des bandes de tissus noirs pour le combat à main nue. Autant se préparer pour l’entraînement en discutant. Je restais torse nu et en pantalon de sport. Aucune chaussure. Je préférais les techniques anciennes et orientales. Elles avaient quelques choses de nobles. Je lançais un regard à mon père en continuant de parler.

- Vous n’êtes pas obligé de me répondre père

Je n’avais pas perdu cette habitude de le vouvoyer comme un inconnu alors qu’il n’en était aucunement un.  Je le faisais pas respect envers lui … après tout … Il méritait mon respect, quand il ne faisait pas des choix débiles et tordus. Remarque … il était beaucoup moins pire que feu Joker. Mon sourire restait perdu. Je savais les dangers que couraient ma mère en restant auprès de Ra’s Al Ghul.

Je levais les yeux au ciel, il commençait déjà à chialer le paternel. Mais c’était une petite blague de rien du tout ! Une mini rikiki blague ! Un petit sarcasme avec des yeux globuleux ! Il doit être mal baisé ça doit être ça. Il a besoin de tiré un coup, mais je vais garder cette remarque pour moi. Sinon je vais manger une Bat-claque … Non mais une Bat-Claque … Ok elle est nulle. Quand il me demanda de monter sur le damier. J’obtempérais sans discuter, il n’avait pas envie de rigoler. Je me refermais comme une huître et sortie une phrase simple sans émotion.

- Oui père …

Je marchais avec nonchalance pour me mettre en place. Les pieds nues sur le damier, les rubans aux mains bien en place et torse sans chandail. J’avais quand même une petite envie de me moquer de lui et j’allais le faire avec classe. Il voulait que j’agisse en Wayne, alors il allait être servi. Je me raclais la gorge pour parler d’une voix claire pour l’ordinateur central.

-Bat ordinateur … Musique … Medley Eyes of the tiger et Final Countdown !

L’ordinateur me répondit par un bip sonore et mis la musique en route. Je ne pouvais retirer mon sourire de sur mon visage. S’il n’avait pas le sourire après cette référence des plus classiques j’ignorais quoi faire pour qu’il en ait un. J’étirais mes bras en bougeant rapidement les pieds. Je me plaçais en position face à lui. Impossible pour moi d’arrêter de bouger, mon énergie était revenue dès que j’avais mis les pieds sur ce damier. On allait bien s’amuser, la jeunesse contre l’expérience. Bon … je devais avouer que je ne gagnais que très rarement, mais au moins je pouvais passer du temps avec lui seul à seul.

- C’est de ta musique ça non … T’avais quel âge 20 ans quand c’est sortie ?

J’éclatais de rire avant de reprendre mon sérieux. Eyes  of the tiger résonnait dans la Batcave. Si Alfred était dans les parages, il allait rager. Il détestait quand je mettais la musique à fond. Idem dans le manoir. Il aimait bien couper les fusibles lorsque je le faisais et moi je me mettais à chanter à tue tête. Évidemment Tim voulait me trucider et Dick était mort de rire. Enfin ça c’était les beaux moments de rigolade entre mecs qu’on pouvait avoir. Après tout, nous la gente féminine était une minorité. Je me plaçais et répondais au salut de mon père avec respect. Tout de suite après avoir relevé la tête je fonçais sur lui en enchaînant les coups de pieds. J’étais habile avec ces derniers. Mes poings n’étant pas suffisamment fort, je les négligeais un peu.

Il m’avait projeté au sol en point de temps qu’il ne le fallait pour dire « aie ». Je serais les dents j’avais horreur de perdre, mais j’étais clairement plus fort avec un sabre qu’avec mes poings et mes pieds. La preuve, j’avais battu ma propre mère le jour de mon 10e anniversaire. Néanmoins, je me relevais avec l’aide de mon père. Sa technique était parfaite, mais il avait des années d’entraînement derrière lui. Peut-être qu’un jour je prendrais sa place qui sait. Mais pour l’heure je n’étais qu’un môme de 12 ans avec un caractère de merde. Autant le dire franchement j’ai un caractère chiant! Je l’écoutais parler en massant mon épaule gauche. Par chance c’était des tapis, car avec cet impact j’aurais clairement eu des problèmes dans la rue. Son monologue me semblait interminable, puis une phrase me frappa « Je ne serai pas toujours là pour te protéger ». Ainsi donc, il tenait suffisamment à moi. Si ce n’était pas mignon. Je ne devais pas montrer mes émotions, il en était hors de question.

- Je sais père…

Puis il fit ce mouvement que j’avais rarement vu chez lui. Ce geste si paternel, si aimant pour moi. Une simple main dans mon dos alors que nous nous dirigions vers les punching-balls. Je lui jetais un regard oblique. En deux ans, il avait terriblement vieillit, sans doute à cause de ce travail nocturne si prenant. Je commençais ensuite à frapper sur l’objet remplie de sable. Mes bras s’épuisèrent vite et comme j’avais peu dormi, ma patience était amoindrie. Je balançais mes gants dans un coin avec force. Le sac avait à peine bougé signe de ma faiblesse … et j’avais horreur des faiblesses.

- C’est de la putain de merde ce sac ! Je n’arrive à rien !!!

J’étais hors de moi. J’allais m’assoir sur le banc pour boire de l’eau. Je savais qu’il allait me remonter les bretelles pour mon langage et mon attitude. Je respirais un grand coup pour désamorcer le tout avant qu’il ne dise quoique ce soit. Après tout, c’était Alfred qui m’élevait ou du moins tentait de le faire et je n’étais pas un « Dick » ou un « Tim » qui suivait chaque principe à la lettre. J’étais bien différent d’eux en fait. Je levais les yeux vers mon père avec le regard totalement désolé.

- Désolé … c’est sorti tout seul… Balance moi toute suite ma conséquence, j’ai pas envie de laisser traîner ça …

Aller père, envoie-moi ton sermon sans fin et ta sagesse supposément en faille. Je retirais mes bandages persuadé que l’entraînement était fini. Je n méritais pas sa présence et encore moins qu’il passe du temps avec moi. J’étais un fils indigne et je le savais parfaitement.